À la surface de Mars, le rover Curiosity réussit un forage sur une zone frontière géologique

Eric Bottlaender
Spécialiste espace
12 février 2020 à 15h21
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Forage Curiosity
Le résultat du forage de Curiosity sur le site Hutton

Sur les pentes du mont Sharp, le grand rover Curiosity est sur le point de quitter une ancienne zone lacustre et de monter sur un plateau sculpté par les vents.

Les équipes en ont profité pour réaliser un nouveau forage.

Petite visite sur Mars

Plus de huit ans après son départ de la Terre, Curiosity continue son chemin sur les pentes du mont Sharp, impressionnant massif situé au centre du cratère de Gale. Malgré son âge honorable, le laboratoire martien sur roues poursuit ses mesures : son parcours l'amène toujours plus haut et le fait traverser différentes zones géologiques, les équipes scientifiques le dirigeant vers les objectifs les plus intéressants sur son chemin. Après la traversée, en 2019, d'une petite vallée nommée Glen Terridon et l'étude de deux « collines » (Central et Western Butte) qui ont beaucoup intéressé les géologues, le robot se trouve à la frontière d'une zone très différente, nommée Greenheugh Pediment.

Un pédiment, en géologie, se réfère à une zone fronton dont une partie a été emportée par les eaux. Et c'est, selon les scientifiques, ce qui est probablement arrivé il y a quelques milliards d'années dans le cratère de Gale : Curiosity va bientôt mettre les roues dans une région qui n'a pas été modelée par de l'eau, mais par les vents et la formation initiale du cratère de Gale.


Des p'tits trous...

Reste qu'avant de franchir cette pente jusqu'à Greenheugh Pediment, il est intéressant de s'arrêter au pied des éboulis et d'étudier le terrain. C'est précisément ce que fait Curiosity ces jours-ci, en forant le 24e trou de la mission sur le site « Hutton », nom donné en référence à un géologue écossais du 18e siècle qui a justement aidé à définir ces zones géologiques.

Le robot de la NASA est équipé d'une perceuse amovible et d'un foret de 1,6 cm de diamètre qui fait des trous entre 2 et 3 cm de profondeur. Une campagne de forage prend du temps (entre trois et quatre semaines) car c'est une véritable aubaine : les poussières sorties du trou sont photographiées sous tous les angles, avant que l'on tire dessus au laser pour analyser leur composition. Si c'est possible quelques minuscules grains sont également transférés à l'intérieur du robot pour être analysés encore plus finement.

Pas de place dans l'agenda

Le challenge, sur le site Hutton, résidait dans le fait que le robot se trouve sur une pente inclinée, ce qui n'a finalement pas empêché l'opération de réussir. L'observation et l'analyse du forage continuent, et les équipes (qui envoient une fois par jour une véritable liste de tâches au robot depuis le laboratoire JPL) font travailler les autres instruments pour constituer des mosaïques du paysage, des images d'autres roches à proximité, etc. Le programme est chargé !

Source : NASA

Eric Bottlaender

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser v...

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Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (15)

firefoxer
La question que je me suis toujours posée est : est-ce qu’ils ont du lag quand il dirige le robot ? Si on réfléchit à la distance à laquelle est Mars et le temps qu’il a fallu pour avoir acheminé le robot, imaginez le temps que mettent les ondes à arriver là-bas.
ebottlaender
En fait ils ne dirigent pas vraiment le robot, c’est un vrai… robot. Ils lui envoient une liste de tâches (y compris pour ses déplacements) et le rover les exécute dans la journée qui suit. Pour qu’il bouge on lui donne une liste de points de trajet et il se déplace seul (et s’il y a un souci, il s’arrête).
firefoxer
Voilà qui a éclairci ma journée ! Merci.
nickOh
ondes aller-retour vers la lune : 2 secondes, il me semble que Mars c’est pas loin de 50min l’aller !
ebottlaender
Non ça varie mais c’est en général entre 10 et 15 minutes quand on veut y faire atterrir un véhicule.
Nmut
Il me semble que c’est plutôt de 3 min au plus proche à 20 min en opposition. Il faudrait faire quelques recherches…
ebottlaender
C’est à peu près ça, 48 millions de km au plus proche et 400 millions à l’opposé ce qui fait entre 2 minutes 30 et 20 minutes.<br /> J’étais un peu généreux avec mes 10-15 minutes en effet (ça paraît long quand on attend) ce sont 7 minutes de terreur (qui représentent le décalage) lorsqu’on fait atterrir un véhicule dessus.
jobinseb
Je suis « espanté » : 8 ans ! Déjà 8 ans ! Et notre petite curiosité fonctionne toujours, n’est pas restée coincée ou tombée je ne sais où. Son laser et sa foreuse fonctionnent encore. Le foret est encore suffisamment affûté pour creuser le sol (il aurait très bien pu se briser sur une roche particulièrement dense ou s’émousser).<br /> Sincèrement, les personnes qui ont travaillé là dessus et y travaillent encore aujourd’hui peuvent être fières. C’est une véritable prouesse je trouve.
ebottlaender
Le mécanisme qui avance et rétracte le foret est en panne depuis 2016, l’ordinateur a quelques bugs et de temps en temps il y a de petits soucis, mais à part ça il peut encore continuer des années.
fabriced31
Ben oui, y a un sacré lag, les ondes radio voyagent à la vitesse de la lumière et la distance de la Terre à Mars varie de 54 à 400 millions de KM. Il faut entre 3 et 22 min pour que l’onde fasse le voyage ( et donc autant de temps pour le retour). Et je pense qu’un satellite fasse relais donc un chouia de plus ( voir exemple dans le film "Seul sur Mars)
rogger
ce qui m’impressionne c’est la batterie. toujours fonctionnelle après 8 ans…
Xlsium
Pas de batterie mais un générateur thermoélectrique à radioisotope il me semble.
ebottlaender
Oui, c’est ça. Mais on peut le définir éventuellement comme une batterie au plutonium.
reith
FASCINANT et admiratif devant le génie humain …<br /> dommage que nos vies soient si courtes …
Paraphe
mais notre mémoire et longue… « Hutton », nom donné en référence à un géologue écossais du 18e siècle…et notre curiosité infinie !
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