Coronavirus : la pandémie a aussi des conséquences sur l’exploration spatiale

Coronavirus : la pandémie a aussi des conséquences sur l’exploration spatiale

Quatre missions de l’ESA en pause

Avatar de l'auteur
Sébastien Gavois

Publié dans

Sciences et espace

25/03/2020 6 minutes
2

Coronavirus : la pandémie a aussi des conséquences sur l’exploration spatiale

L’Agence spatiale européenne doit encore réduire ses effectifs présents dans son centre des opérations en Allemagne, avec des conséquences sur plusieurs missions spatiales qui vont se mettre en « pause » pour une durée indéterminée.

La pandémie de Covid-19 a des conséquences sur l’ensemble des activités autour du globe, mais aussi en dehors de notre planète. Le Centre Spatial Guyanais a par exemple suspendu l’ensemble de ses lancements jusqu’à nouvel ordre, et ils « reprendront dès que les conditions sanitaires le permettront ». On peut aussi signaler ExoMars 2018, 2020, 2022 qui a de nouveau été repoussée de deux ans, mais la faute n’incombe pas uniquement à la crise sanitaire.

L’ESA réduit encore son personnel dans l’ESOC

La semaine dernière, L’Agence spatiale européenne (ESA) expliquait que « la majorité des effectifs de l’ESOC [Centre européen des opérations spatiales, ndlr] ont commencé à travailler à domicile », à cause de la pandémie de coronavirus (Covid-19).

L’ESA maintenait quand même une présence minimale dans son centre pour continuer l’ensemble de ses activités, notamment liées aux opérations spatiales en temps réel. « Dans l’histoire du centre de contrôle de mission de l’ESA, il n’y a jamais eu de période avec si peu de personnes sur place », expliquait Rolf Densing, directeur des opérations.

Réduire encore le personnel sur place aurait des implications sur certaines missions – 21 en cours – et sur la collecte des données, avait prévenu l’ESA. C’est pourtant l’annonce qui a été faite hier, avec une mise en pause de plusieurs missions, dont deux autour de Mars.

Mars paye le plus lourd tribut

Une restriction d’accès encore plus stricte a été mise en place suite aux mesures renforcées prises par des acteurs locaux et internationaux en Europe, mais aussi car un personnel de l’ESOC a été testé positif au SARS-Cov-2 (le virus de la maladie Covid-19) pour la première fois.

L’ESA explique qu’elle doit donc procéder à « l’arrêt temporaire de l’exploitation d’instruments scientifique et de la collecte de données ». Les engins interplanétaires sont les principaux concernés, car ils nécessitent le plus de personnel sur site pour effectuer les opérations courantes, précise l’Agence spatiale européenne. Certains vont donc passer en mode sans échec/sommeil pendant une durée indéterminée.

Quatre missions sont pour le moment concernées : 

  • Cluster. Cette mission lancée en 2000 comprend quatre satellites en orbite autour de la Terre afin d’étudier son environnement magnétique et l’influence du vent solaire. Elle devait initialement durer jusqu’au milieu des années 2000, mais – comme c’est souvent le cas lorsque tout se passe comme prévu – elle a été repoussée à plusieurs reprises. Aujourd’hui encore, les satellites sont toujours en orbite.
  • ExoMars Trace Gas Orbiter (TGO). Lancé en 2016, l’engin spatial est en orbite autour de Mars, il étudie l’atmosphère de la planète et fournit un relais de données pour les atterrisseurs à la surface. Pour rappel, ExoMars 2016 comprenant aussi le module Schiaparelli, mais il s’est écrasé lors de sa tentative d’atterrissage.
  • Mars Express. Lancée en 2003, il s’agissait alors de la première mission européenne à destination de la planète rouge. Elle étudie depuis la surface, le sous-sol et l’atmosphère de Mars.
  • Solar Orbiter. Il s’agit de la plus récente mission scientifique de l’ESA, lancée en février 2020. Elle est actuellement en route pour mener ses opérations scientifiques autour du Soleil.

Deux des quatre missions ont déjà près de 20 ans, alors que les deux autres sont très récentes. Solar Orbiter continue ainsi sa route, tandis que TGO est orphelin depuis le crash de Schiaparelli, les mises en veille ne devraient donc pas avoir d’impacts importants pour le moment.

Dans tous les cas, ces quatre missions s’inscrivent dans la durée et sont placées sur des orbites stables, sans risque a priori. Ces mises en pause ne devraient donc avoir qu’un « impact négligeable » sur le long terme affirme Rolf Densing, directeur des opérations de l’ESA.

Les sondes spatiales sont prévues pour des pauses de longues périodes

L’Agence spatiale européenne se veut rassurante : « ces sondes sont conçues pour rester en toute sécurité pendant de longues périodes avec une interaction limitée, voire nulle, avec le sol. C’est par exemple nécessaire pour les périodes où les engins passent derrière le Soleil – vue depuis la Terre – lorsque plus aucun contact radio n’est alors possible pendant des semaines ».

Le personnel restant sur place se concentrera donc sur les missions nécessitant une attention toute particulière, comme BepiColombo lancé fin 2018. La sonde fait route vers la planète Mercure et va utiliser l’assistance gravitationnelle de la Terre aux alentours du 10 avril prochain. Une équipe devra être sur place pour suivre en direct cette manœuvre toujours délicate.

Un retour à la normale au cas par cas

Aucune date de retour à la normale n’est précisée. « La décision de relancer les activités scientifiques sera prise de manière indépendante pour chaque mission, en fonction de plusieurs variables, notamment le type et la complexité des missions », précise le responsable des opérations de l’ESA.

Pour dix-sept autres missions, rien ne change pour le moment, et les opérations continuent comme avant. C’est notamment le cas de Copernicus pour le compte de la Commission européenne, qui comprend notamment le satellite Sentinel-5P (précurseur de Sentinelle 5) dont nous avons déjà parlé.

Il a en effet pris en photo d’importants changements sur la pollution atmosphérique au dioxyde d'azote en Chine et en Italie suite au confinement. Plusieurs facteurs peuvent expliquer ces baisses, mais les scientifiques sont largement « convaincus » que les mesures prises pour limiter les déplacements (et donc moins de voitures à moteur et de centrale thermique) y sont pour beaucoup.

Écrit par Sébastien Gavois

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

L’ESA réduit encore son personnel dans l’ESOC

Mars paye le plus lourd tribut

Les sondes spatiales sont prévues pour des pauses de longues périodes

Un retour à la normale au cas par cas

next n'a pas de brief le week-end

Le Brief ne travaille pas le week-end.
C'est dur, mais c'est comme ça.
Allez donc dans une forêt lointaine,
Éloignez-vous de ce clavier pour une fois !

Fermer

Commentaires (2)


“Le personnel restant sur place se concentrera donc sur les missions nécessitant une attention toute particulière, comme BepiColombo lancé fin 2018. La sonde fait route vers la planète Mercure et va utiliser l’assistance gravitationnelle de la Terre aux alentours du 10 avril prochain. Une équipe devra être sur place pour suivre en direct cette manœuvre toujours délicate.”



L’équipe pourra faire quelque chose s’il y a un imprévu?


Oui un petit coup de propulsion pour corriger une trajectoire,  vu que c’est une “fronde” le moindre petit changement lors de l’impulsion change fortement la précision de la destination finale



C’est une des missions les plus complexes en matière d’assistance gravitationnelle, y en aura encore 2 autour de vénus et  6 sur mercure (faut bien la ralentir sans trop consommer de carburant)