Perseverance : des photos de Mars, de la descente, du rover… et une fausse vidéo

Perseverance : des photos de Mars, de la descente, du rover… et une fausse vidéo

Et ce n’est que le début

Avatar de l'auteur
Sébastien Gavois

Publié dans

Sciences et espace

22/02/2021 8 minutes
21

Perseverance : des photos de Mars, de la descente, du rover… et une fausse vidéo

Depuis sa nouvelle et dernière demeure, le rover Perseverance envoie ses premières photos et informations. Des images de la descente ont également été prises par Mars Reconnaissance Orbiter et le jetpack chargé de poser le rover. Une fausse vidéo rapidement devenue virale est arrivée dans la foulée.

C’est fait : un nouveau rover s’est posé sur Mars. Il va pouvoir commencer à parcourir la planète rouge à la recherche de traces de vies passées. Nous avons déjà longuement détaillé les tenants et aboutissants de cette mission, et notamment de l’un de ses principaux instruments (développé en France) : SuperCam.

Notre dossier sur l'exploration de Mars et la recherche de la vie avec Mars 2020 :

Des rovers sur Mars depuis plus de 20 ans

Le premier rover sur la quatrième planète de notre Système solaire remonte pour rappel à 1997, avec la mission Pathfinder et son petit rover Sojourner. Les choses se sont ensuite accélérées dans les années 2000.

Tout d’abord avec les jumeaux Spirit et Opportunity de la mission Mars Exploration Rover, puis Curiosity en 2012 avec la mission Mars Science Laboratory. On est maintenant avec Perseverance de Mars 2020, qui se trouve dans le cratère de Jezero. Pour approfondir l’histoire des rovers martiens, le CNES proposait il y a quelques mois une émission baptisée De Sojourner à MMX, la lignée des rovers.

Perseverance réussit son atterrissage, en plein dans la zone prévue 

L’Agence spatiale américaine avait minutieusement préparé le terrain avant le lancement. Elle avait délimité une zone de 45 km de diamètre où le rover devait se poser afin d’avoir le plus de chance de mener à bien sa mission. Bonne nouvelle, il s’est parfaitement positionné, comme on peut le voir sur cette carte interactive de la NASA. Elle sera mise à jour en fonction des déplacements du rover sur le sol martien.

Cratère JezeroMars Rover
Le rover Perseverance à gauche, une vue globale avec les autres rovers et modules à droite

Pour rappel, la marge de manœuvre est extrêmement réduite lors de la rentrée dans l’atmosphère : « un degré de plus et l’engin qui arrive à plus de 20 000 km/h se détruit. Un degré de moins et il rebondit sur l’atmosphère et se perd dans l’espace », comme le rappelait le CNES.

La NASA propose sur cette page de revivre en images de synthèse la procédure d’atterrissage du rover, avec la possibilité de changer de point de vue, d’accélérer ou ralentir le déroulement des opérations, etc. En réalité, cette manœuvre est entièrement automatisée.

Des photos de Perseverance depuis le jetpack et la sonde MRO

En plus d’avoir des instruments de nouvelle génération, la plateforme volante – ou jetpack – qui a ralenti la chute de Perseverance était elle aussi équipée d’une caméra haute définition pour suivre la descente. Une première image du rover juste avant que ces roues ne touchent le sol a été mise en ligne, sur son compte Twitter officiel.

Une vidéo (elle aussi en HD) sera publiée prochainement indique l’Agence spatiale américaine. Pour Curiosity, un stop motion avait été mis en ligne, mais la qualité était loin d’être la même.

Ce n’est pas la seule image actuellement disponible de la descente. La caméra HiRISE de la sonde Mars Reconnaissance Orbiter (MRO) a capturé le rover et son parachute lors de cette délicate phase. Il ne s’agit pas d’une image en très haute résolution, mais ce cliché n’en reste pas moins « exceptionnel », même si ce n’est pas une première pour l’instrument HiRISE. Il avait déjà capturé la descente de Curiosity.

Quoi qu’il en soit, à peine le rover Perseverance est posé sur Mars que les premières photos in situ arrivent sur Terre (en noir et blanc pour commencer). Elles sont disponibles sur cette page, et se comptent déjà par dizaines au format RAW. D’autres images sont également accessibles par ici, dont certaines en couleurs… et ce n’est que le début, d’autant que SuperCam n’est pas encore en marche. « Contrairement aux anciens rovers, la majorité des caméras de Perseverance capturent des images en couleur », ajoute la NASA.

Une conférence de presse est prévue ce soir à 20h, avec de nouvelles images et vidéos de la planète rouge, indique l’Agence spatiale américaine. Il sera possible de la suivre par ici.

Perseverance
Crédits : NASA JPL

Ingenuity se prépare à prendre son envol

De son côté, le petit hélicoptère Ingenuity est en train de faire le plein d’énergie avant de voler de ses propres hélices. Si des bonnes nouvelles sont envoyées par le rover, l’émancipation n’est pas pour tout de suite : « La liaison descendante […] à travers une connexion via Mars Reconnaissance Orbiter indique que l'hélicoptère, qui restera attaché au rover pendant 30 à 60 jours, et sa station de base (une boîte électrique sur le rover qui stocke et envoie les communications entre le giravion et la Terre) fonctionnent comme prévu », affirme le JPL de la NASA.

Le chargement des six batteries au lithium-ion du drone se fait en douceur, le temps de vérifier que tout se passe comme prévu. Plus tard, lorsqu’il sera autonome, il devra les recharger tout seul, avec son panneau solaire. « Une fois que Perseverance aura déployé Ingenuity à la surface, l'hélicoptère disposera d'une fenêtre d'essai en vol de 30 jours martiens (31 jours terrestres) », rappelle le PJL.

Il faudra pour cela que le petit drone de 2 kg survive aux nuits martiennes, durant lesquelles les températures peuvent descendre jusqu’à -90°C. Si le décollage et le premier vol d’Ingenuity sont un succès, 90 % de la mission sera remplie. Ensuite, « si le giravion atterrit avec succès et reste opérationnel, jusqu'à quatre autres vols pourraient être tentés ». Si cette expérimentation est un succès, elle pourrait être reconduite sur d’autres missions.

La fausse vidéo de Mars avec du son 

Ce week-end, une vidéo a largement circulé sur les réseaux sociaux (voir ici ou encore là), rapidement relayés par certains sans plus de précautions. Elle présentait bien un paysage martien avec en prime une piste audio laissant croire que c’était en provenance de Perseverance qui venait juste d’arriver sur Mars.

La présence de micros est en effet une des nouveautés de Perseverance qui fait parler d’elle et pour lesquelles les attentes scientifiques sont importantes. Une lecture même rapide de la vidéo permettait pourtant d’éviter de tomber dans le panneau, sans avoir besoin de pouvoir identifier le rover au premier coup d’œil.

Le premier indice était flagrant et se trouvait à la fin de la vidéo : on pouvait voir Curiosity écrit sur le rover. Autre indice important : les traces laissées par les roues dans le sol, alors que Perseverance n’a pas encore bougé d’un iota. Bref, « la mariée était trop belle », mais son histoire s’est répandue comme une trainée de poudre.

Cette affaire – sans gravité  dans le cas présent – est l’occasion de rappeler qu’il faut faire preuve de prudence avec ce genre de vidéos sensationnelles, d’autant plus dans le domaine des sciences. Si dans le cas présent les ficelles étaient très grosses, ce n’est pas toujours le cas. 

Écrit par Sébastien Gavois

Tiens, en parlant de ça :

Sommaire de l'article

Introduction

Des rovers sur Mars depuis plus de 20 ans

Perseverance réussit son atterrissage, en plein dans la zone prévue 

Des photos de Perseverance depuis le jetpack et la sonde MRO

Ingenuity se prépare à prendre son envol

La fausse vidéo de Mars avec du son 

Fermer

Commentaires (21)


Pour le son de la vidéo, si je me trompe pas, c’est un “son” récréé à partir des relevés sismographes de Curiosity à l’arret (qui sont sensés être activés par le vent). Il me semble que c’est la NASA elle-même qui l’avait publié comme une sorte de clin d’oeil.
Ca n’a pas été difficile de l’ajouter à la video


Le sismographe est sur Insight, pas Curiosity, mais en effet, c’est le seul “son” qu’on aie de Mars, dans la mesure ou c’est plus un signal sismique basse fréquence shifté dasn le domaine audio plus qu’un vrai audio de microphone.


C’est IAM qui va être content :)



xouboudou a dit:


C’est IAM qui va être content :)




QFT.
Que l’on donne un cookie à cet homme !



xouboudou a dit:


C’est IAM qui va être content :)




:mdr2:


Le premier son diffusé est à la fois fantastique et témoigne aussi de l’ambiance désolée, voire angoissante, de cette planète. De ce que j’avais cru comprendre, le fait que son atmosphère soit plus fine et saturée de CO2 a un impact sur la diffusion des ondes sonores.



(reply:1855908:SebGF) La nature du gaz ne joue pas. La vitesse du son est proportionnel à la pression et/ou la température. Une dés lois des gaz parfaits. La porté sur Mars est courte et le niveau plus faible.
https://www.jpl.nasa.gov/ allez savourer les images et sons réels.



Ackchyually :cap: , Seb à raison, le son à une propagation assez étrange sur Mars à cause d’un mode propre de la molécule de CO2 qui coupe en gros à 10kHz, en plus de la très basse pression qui fait que le son est plus vite atténué. Voir cette excellente thèse, très abordable et intéressante à lire : http://www.theses.fr/2020ESAE0041


Pour écouter les sons sur Mars https://mars.nasa.gov/mars2020/participate/sounds/ Mais attention les exemples sont mal choisis. Pas d’oiseaux, d’océans, camions ou bicyclettes sur Mars. En apparence.


Mais c’est vachement dangereux Mars :eeek2:



… les alarmes de recul des camions sont inaudibles :transpi:



Mihashi a dit:


Mais c’est vachement dangereux Mars :eeek2:



… les alarmes de recul des camions sont inaudibles :transpi:




C’est clair… imagine : tu te balades, un camion recule, tu entends rien et il te roule dessus. Le pire est qu’il ne t’entend meme pas hurler…


Alors imagine quand Musk s’y baladera avec sa Tesla silencieuse :eeek2:




(reply:1855945:jack oneill)




Merci pour le lien !



xouboudou a dit:


C’est IAM qui va être content :)




Ukraine



(reply:1855945:jack oneill)
C’est un peu court. Mais la thèse intéressante.
La fréquence de coupure est purement arbitraire. Le choix a été conduit par deux caractéristiques masquer les bruits des systèmes (électromagnétiques) et l’atmosphère atténue fortement les hautes-fréquences.




la_hyene a dit:


Cliques en haut a droite la thèse fait 350 pages :)




(reply:1855985:jack oneill)




ah… j’ai péché mon père et j’ai commencé à la lire. TROP BIEN .


il faut savoir :
que la pression sur “Mars” est, presque, 1 000 fois moindre que sur “Terre” !




  • on approche ‘du vide-absolu’ (forcément le son se diffuse moins-vite)



vizir67 a dit:


il faut savoir : que la pression sur “Mars” est, presque, 1 000 fois moindre que sur “Terre” !




  • on approche ‘du vide-absolu’ (forcément le son se diffuse moins-vite)




Plutôt 200 en moyenne , mais assez dépendant de l’altitude et de la saison. Pas vraiment le vide absolu par contre. L’atmosphère ténue est suffisante pour avoir des nuages de glace de CO2, une vraie météo avec des cellules de convection poles-equateur, du vent qui soulève la poussière et génères un panel de tempêtes de poussières qui va du petit tourbillon local (dust devil) à la tempête de globale qui recouvre toute la planète. L’atmopshere est aussi suffisamment dense pour supporter le vol du petit drone Ingenuity (certes très léger et avec des grosses pales qui tournent très vite), le freinage partiel par parachute et enfin suffisamment dense pour avoir besoin d’un bouclier thermique pendant la rentrée atmosphérique.



(reply:1856312:jack oneill)
oui tu as raison pour la pression
je voulais taper “170
mais c’est ça…quand on veut faire 2 choses* à la fois (on les fait mal)
et, ” je NE suis qu’un homme” !




“merci” !




  • téléphoner + écrire



https://youtu.be/B8vQFCWopLw