Après une année 2020 inhabituelle pour le marché de la téléphonie mobile, 2021 commence sous de meilleurs auspices puisque les principaux indicateurs repartent à la hausse au premier trimestre. Seul élément « perturbateur » : l’intégration d’Euro-Information Télécom à Bouygues Telecom.
S’il fallait résumer en une phrase ces trois mois du marché des communications électroniques, ce serait : « Après un premier trimestre 2020 de recul, le nombre de cartes SIM progresse à nouveau au premier trimestre 2021 ».
Le début d’année dernière était pour rappel marqué par la crise sanitaire, ce qui s'était traduit par 150 000 cartes SIM de moins. Les opérateurs se sont bien rattrapés depuis : plus d’un million de SIM ont été écoulées sur les six derniers mois de 2020, 238 000 pour les trois premiers de 2021. On en compte désormais 78,368 millions en France.
Les forfaits et les opérateurs de réseaux creusent leur avance
Les forfaits représentent évidemment l’immense majorité à plus de 70,7 millions (+412 000) contre 7,6 millions pour les offres prépayées, en baisse de 174 000. Ces dernières avaient pour rappel chuté de manière bien plus importante début 2020 avec une baisse de 420 000 au premier trimestre puis de 504 000 au second.
En France métropolitaine, les quatre grands opérateurs se taillent toujours la part du lion avec pas moins de 69 millions de SIM à eux quatre, contre 6,753 millions pour l’ensemble des opérateurs virtuels. Ces derniers baissent de 2,209 millions sur un an, mais il faut prendre en compte un changement important : Bouygues Telecom a finalisé début janvier le rachat d’Euro-Information Telecom, intégrant ses deux millions (environ) de clients.
Alors que la part de marché des MVNO était de plus de 11 %, elle passe sous les 9 %. L’Autorité de la concurrence avait pour rappel donné son feu vert à ce rachat, mais Bouygues Telecom avait dû souscrire à « des engagements visant à assurer, à l’issue de l’opération, le maintien d’une offre de gros équivalente à l’offre actuelle d’EIT ».
L’Autorité redoutait un risque « de disparition de l’offre proposée par EIT auprès de certains opérateurs virtuels, entraînant, notamment, un risque de verrouillage de l’accès à ce marché pour ces opérateurs ».
Du fait de cette importante réorganisation du marché, il est donc impossible de comparer en l’état les chiffres entre opérateurs et MVNO. De plus, il faudra désormais s’appuyer sur cette nouvelle base pour les prochains observatoires du régulateur des télécoms, laissant de côté les précédents relevés.
1,733 million de portabilités, 77,6 % de sans engagement
La fluidité du marché continue d’afficher une bonne santé avec pas moins de 1,733 million de demandes de portabilité sur le trimestre, soit près de 20 000 par jour sur les trois premiers mois de l’année. Un bon score pour un premier trimestre, mais qui reste loin de celui de 2018 avec 2,1 millions de demandes.
« Cette croissance vient compenser le recul du nombre de numéros portés en mars 2020 : le premier confinement avait fortement contribué à la baisse des ventes au cours du trimestre, ce qui avait eu pour conséquence une baisse du nombre de numéros portés », explique le gendarme des télécoms.
Attendons maintenant de voir les chiffres du second trimestre. En effet, Bouygues Telecom et RED by SFR viennent de relancer la guerre des prix avec des offres que l’on n’avait pas vues depuis des années : 20 Go de 4G pour 5 euros par mois, sans engagement ni limite de durée (ce qui ne veut pas dire que ce tarif sera valable à vie, loin de là).
Près de 46 millions de forfaits (77,6 % du parc résidentiel) sont sans engagement. Ce pourcentage augmente doucement au fil des trimestres. Il y a un an, il était de 75,8 % (soit 43,802 millions de forfaits).
Passons maintenant au segment entreprise, qui ne connait pas la crise. Il représente près de 13 % du parc total de cartes SIM en métropole : « avec 9,7 millions de cartes SIM, [il] progresse de 155 000 cartes au premier trimestre 2021, soit une croissance inégalée ces dernières années. Pour le troisième trimestre consécutif, l’accroissement annuel du nombre de ces cartes s’amplifie, et dépasse +5 % en un an depuis le quatrième trimestre 2020 ».
À la fin du premier trimestre (23 mars), Free a lancé son offre destinée aux professionnels, avec un forfait mobile et un abonnement fixe en fibre optique. Il faudra certainement attendre le second trimestre et un bilan de Free afin de voir si cela vient bousculer un peu le marché.
Guadeloupe, Martinique et Réunion en hausse, Mayotte en baisse
En outre-mer, la situation suit la même tendance : 15 000 cartes SIM supplémentaires en trois mois, pour un total de 2,606 millions. C’est le second trimestre de suite de hausse après plusieurs mois de baisse : 14 000 de moins au troisième trimestre 2020, 15 000 de moins au second et 21 000 de moins sur les trois premiers mois de 2020.
Cette progression cache des disparités importantes selon les régions. En Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy, le parc total est passé de 603 000 à 610 000 soit 7 000 de plus, mais on reste loin des 618 000 clients de début 2020. En Guyane, la situation est quasiment stable à 282 000 clients (1 000 de plus).
La Martinique fait un peu mieux à 513 000 (+4 000) et même chose ou presque à la Réunion : 908 000 (+3 000). Mayotte est en légère baisse avec 288 000 cartes SIM (-1 000). L’Arcep rappelle par contre que Mayotte était touchée par un confinement au premier trimestre et la Réunion par une fermeture des centres commerciaux.
Le MtoM ne connait pas la crise
Malgré la crise sanitaire, l’Internet des objets n’a pas arrêté sa croissance depuis début 2020, même si elle est moins importante qu’avant. On dénombrait 22 372 000 cartes MtoM (Machine to Machine) fin mars 2021, soit 167 000 de plus en trois mois (contre 500 000 de plus il y a un an). La tendance est néanmoins à la baisse puisque la croissance annuelle dépassait les 2 millions en 2019 et avant.
En outre-mer, c’est en revanche le calme plat ou presque depuis un an. Elles sont désormais 33 000 en circulation.
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