Selon Google, la multiplication des régulations en Europe va créer un "Web de deuxième classe"

Alexandre Boero
Chargé de l'actualité de Clubic
26 novembre 2021 à 17h30
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© Google
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Le géant Google n'est, sur le principe, pas opposé à une nouvelle régulation, notamment les DSA et DMA, discutés au sein des instances européennes. Mais l'entreprise alerte sur les risques liés à cette future réglementation.

Jeudi, les ministres du Conseil de l'Union européenne se sont mis d'accord sur une réglementation visant à mieux encadrer et réguler l'activité des géants du numérique, parmi lesquels Google. Dans un entretien accordé à nos confrères des Échos, Matt Brittin, le patron de Google Europe et Afrique, a reconnu la pertinence des deux textes, le DSA et le DMA, qui seront bientôt discutés au Parlement européen, avant leur possible adoption. Et le dirigeant souhaite que celle-ci intervienne vite, « dans les douze prochains mois ». Il met tout de même quelques bémols à cette entreprise en indiquant qu'une réglementation fragmentée pourrait faire émerger en Europe un « Web de deuxième classe ».

Le nombre d'entreprises visées par le DSA et le DMA devrait être étendu, selon Matt Brittin

Il y a un an, Matt Brittin craignait que le DSA (Digital Services Act), le texte destiné à mieux encadrer les contenus des grandes plateformes, et le DMA (Digital Markets Act), visant à prévenir les abus de position dominante des géants du numérique, puissent nuire à l'innovation. Mais la pandémie est passée par-là, et à présent, le président de Google Europe affirme qu'il faut « avancer sur cette nouvelle régulation au plus vite » et aboutir à un résultat concluant dans les douze prochains mois, ce que souhaitent ardemment la France et Bruno Le Maire au passage.

« Avec des règles à jour, l'Europe pourra avoir les meilleurs outils, les meilleures compétences, les meilleures chances d'être un acteur compétitif dans ce monde numérique », poursuit le dirigeant.

La double réglementation prévue par l'Europe, qui pourrait être adoptée dans les prochains mois, ne vise que les plus grands services numériques, comme Google. Matt Brittin fait part de sa « préoccupation » à ce sujet. Selon lui, le fait que les deux textes ne concernent principalement que cinq grandes entreprises semble injuste. « Aujourd'hui, moins de 30 % des recherches pour un produit, une réservation d'hôtels ou de vols commencent par Google. D'autres sociétés sont largement influentes, dont certaines viennent de Chine », rappelle-t-il.

Le DMA pourrait constituer un frein à l'innovation, aux yeux de Google

Ce que redoute Google, c'est la possible suppression de services de base, avec l'entrée en vigueur du DMA. Se voir proposer une carte avec l'emplacement des restaurants environnants lorsque vous faites une recherche pour de la nourriture à emporter est un exemple. L'interdiction de coupler des services pourrait obliger Google à s'acquitter « de lourdes procédures administratives avant même de lancer quoi que ce soit », ce qui serait un frein à l'innovation à ses yeux.

Pour Brittin, l'entrée en vigueur des restrictions supposées du DMA pourrait aussi bien être positive que menaçante pour l'Europe, avec la possibilité de « se retrouver avec un Web de deuxième classe, au moment où ils (les Européens) ont besoin du meilleur pour se relever de la pandémie ».

Lors de son entretien, Matt Brittin a aussi évoqué la publicité ciblée, dont le Parlement européen souhaiterait une interdiction. Là-dessus, Brittin reconnaît la nécessité d'un contrôle sur le fonctionnement de la publicité et le fait qu'elle doive être plus rémunératrice pour l'éditeur. Privacy Sandbox et FLoC, de Google, font partie des pistes de travail pour le futur de l'outil publicitaire. Il affirme en parallèle qu'une suppression pure et simple de la publicité ciblée entraînerait un effondrement des recettes des éditeurs en ligne, à hauteur de 80 %.

Source : Les Échos

Alexandre Boero

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJC...

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Journaliste, chargé de l'actualité de Clubic. Reporter, vidéaste, animateur et même imitateur-chanteur, j'ai écrit mon premier article en 6ème. J'ai fait de cette vocation mon métier (diplômé de l'EJCAM, école reconnue par la profession), pour écrire, interviewer, filmer, monter et produire du contenu écrit, audio ou vidéo au quotidien. Quelques atomes crochus avec la Tech, certes, mais aussi avec l'univers des médias, du sport et du voyage. Outre le journalisme, la production vidéo et l'animation, je possède une chaîne YouTube (à mon nom) qui devrait piquer votre curiosité si vous aimez les belles balades à travers le monde, les nouvelles technologies et la musique :)

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Commentaires (13)

norwy
Un Web selon Google et un Web selon ceux qui ne pensent pas (exactement) comme Google. Lequel est le mieux ? Moi, j’ai fait mon choix et je ne m’en porte pas plus mal.<br /> En attendant, c’est un exemple parfait d’égocentrisme !
xylf
Superbe rapport de force de la part de Google. En clair on va développer des super trucs et si vous nous mettez des bâtons dans les roues vous aurez un web de merde, car je suis le web!
Bombing_Basta
Et puis ils parlent de l’Europe, mais le web, et le google qui va avec, selon la Chine, ça n’a pas l’air de les géner chez Alphabet, vu comment ils s’allongent.<br /> La vérité c’est que la neutralité du net, ça les fait bien chier les gafam, eux qui aiment tant le monopole, ne pas pouvoir faire d’internet leur farwest.
Gweegoo
La vraie question pour les GAFAM: doit-on faire disparaître les dinosaures en leur envoyant une grosse météorite, lorsqu’on souhaite faire évoluer le reste des espèces?
maxxi
Lorsque l’on voit les dégâts provoqués par la RGPD et ces OK multiples auxquels ont doit répondre lorsque l’on navigue !! Le WEB de seconde classe il est déjà là.
Bombing_Basta
La question des cookies va être vite répondue, les sites qui ne permettent pas de cliquer sur un «&nbsp;tout refuser&nbsp;» je les refuse, encore pire ceux qui te foutent un «&nbsp;paywall or cookies traceurs&nbsp;» (adieu allocine, coucou senscritique).<br /> MERCI LA RGPD de nous révéler les intentions des sites.<br /> Le web de seconde classe, c’est le web où chacun de tes clics est analysé, suivi, enregistré, monayé, et si tu refuses le tracage, pas la pub juste le tracage, on te demande de payer.
kroman
Les décisions illuminées de l’UE n’ont pas fini de nous pourrir la vie sur internet !<br /> Depuis la RGPD on est harcelés par des demandes inutiles d’acceptation de cookies, voir carrément bannis ou forcés d’utiliser un VPN.
bmustang
ça emmerde qui de google ou nous ? Pas moi !
Anon001
Cela rend peut être la navigation moins fluide mais au moins nous sommes informés et nous avons le choix donc c’est tout sauf inutile.
benben99
Google a raison. l’Europe n’a pas réussi a developper rien d’équivalent a Google… On préfère dependre des Américains.<br /> Donc on est effectivement a leur mercie et c’est notre faute<br /> Ils peuvent continuer de prendre notre argent et rire de nous
ypapanoel
Moi je trouve le monde plutôt équilibré : chacun son rôle :<br /> La Chine fabrique<br /> Les US développent le web<br /> Et l’Europe, elle fait des lois<br />
Tib
Hey Google, ce que vous essayez de mettre en avant, le «&nbsp;Web de deuxième classe&nbsp;», existe depuis bien longtemps : illectronisme (17% des français), inclusion numérique (les gens qui ne sont pas à l’aise avec l’informatique (40% des français))…
cid1
Ces stupides gouvernements européens ont vu cinq sociétés s’enrichir parfois à la hauteur d’un état, ils ont vu tout ce fric et se sont dit, on va légaliser pour leur prendre quelques milliards, voilà l’état de l’Europe, picorer dans le bol des autres qui ont réussis tout ça grâce à des politiciens complètement impuissant, ils ne savent faire que ça des lois qui enlèvent l’égalité à quelques sociétés. Les lois qui permettait aux gafam de faire ce qu’elles faisait on été votées par ces mème hommes politiques d’aujourd’hui et d’hier quand ils on fait l’Europe et maintenant ils veulent tout changer pour se servir une belle tranche de gafam c’est plein de cal… euh d’€. qu’ils aillent donc se faire voir ailleurs ces clowns.
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