Entre micmacs financiers et idéologiques, que révèlent les messages d'Elon Musk exposés par le procès Twitter ?

30 septembre 2022 à 18h12
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© FellowNeko / Shutterstock.com
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Des discussions privées d'Elon Musk avec Parag Agrawal et Jack Dorsey sont devenues publiques. On en sait aussi plus sur les premières tendances du procès à venir.

Depuis qu'Elon Musk a enterré son projet de rachat de Twitter, l'entrepreneur et la société s'écharpent sur le terrain judiciaire. Cette semaine a constitué un tournant dans l'affaire puisqu'Elon Musk devait témoigner sous serment, interrogé par les avocats de Twitter.

Elon Musk et sa vision de la liberté d'expression

En outre, des documents contenant des messages privés échangés par le patron de Tesla et Space X ont été rendus publics dans le cadre de la préparation à la comparution de Twitter et d'Elon Musk devant le tribunal, prévue le 17 octobre 2022. Voici ce que nous apprennent ces messages.

Elon Musk a communiqué avec Parag Agrawal, l'actuel directeur général de Twitter, en avril. Après avoir acheté suffisamment d'actions pour détenir 9 % du capital de l'entreprise, et accepté un siège au conseil d'administration, Musk a suggéré à Agrawal « d'annuler les interdictions permanentes des utilisateurs ». Il avait déjà tweeté en public qu'il était pour la liberté d'expression totale, sans modération trop forte, pour que tout le monde ait le droit d'exprimer ses opinions.

En privé à l'investisseur Antonio Gracias, Musk écrivait : « La liberté d'expression compte le plus quand c'est quelqu'un que vous détestez qui débite ce que vous pensez être de la mer** ». Ce à quoi son interlocuteur avait répondu : « Vous avez tout à fait raison. Je suis à 100 % d'accord avec vous ».

La tension monte entre Elon Musk et Parag Agrawal

Pour revenir aux conversations avec Parag Agrawal, celles-ci sont plutôt cordiales au début, les deux hommes s'entendant sur la partie technique de ce que représente Twitter. « Traitez-moi comme un ingénieur au lieu d'un P.-D.G. », propose même le patron du réseau social à Elon Musk.

« Franchement, je déteste faire des trucs de gestion. Je pense que personne ne devrait être le patron de qui que ce soit. Mais j'aime aider à résoudre les problèmes techniques/de conception des produits », indique Musk, qui veut faire savoir qu'il aime mettre les mains dans le cambouis.

© Delaware Chancery Court
© Delaware Chancery Court

Mais la relation entre les deux hommes va rapidement se dégrader. Deux jours plus tard seulement, Elon Musk tweete un message à connotation négative sur Twitter. Ce qui déclenche forcément une réaction de son correspondant. « Il est de ma responsabilité de vous dire que cela ne m'aide pas à améliorer Twitter dans le contexte actuel », lui a alors écrit Agrawal. Ce à quoi Musk a répondu qu'il ne rejoindrait finalement pas le conseil d'administration et qu'il prévoyait de rendre Twitter privé.

Un procès difficile pour Elon Musk ?

À la fin du mois d'avril, Jack Dorsey, qui quittait Twitter fin 2021, a tenté une réconciliation, en vain. « Au moins, il est devenu clair que vous ne pouvez pas travailler ensemble », a conclu Dorsey, qui avait discuté du sujet de la privatisation de Twitter avec Musk fin mars.

Arrive ensuite la polémique des faux comptes, qui a précipité l'abandon du projet de rachat de Twitter par Elon Musk. Ce dernier a estimé que Twitter n'était pas transparent sur les statistiques et a commenté : « purger les faux utilisateurs rendra les chiffres terribles ».

Une sélection de SMS envoyés par Musk semble confirmer que son intérêt pour la plateforme était basé sur son rôle dans le débat public et les questions de liberté d'expression, et non sur sa capacité à rendre l'entreprise rentable, estime Ann Lipton, professeure de droit des affaires à l'Université de Tulane.

« Je ne vois rien que nous ne sachions déjà qui soit juridiquement pertinent. Il y a des choses assez accablantes là-dedans, mais des choses qui avaient été rendues publiques auparavant », a-t-elle également commenté.

Twitter a paraît-il pris l'avantage pour l'instant, accusant Elon Musk et son conseiller financier Jared Burchill d'avoir détruit des preuves sur Signal quant à ses raisons de vouloir se retirer de l'accord. Twitter a par ailleurs démontré que les propres équipes de Musk ont ​​plus ou moins trouvé des estimations similaires à celles communiquées par Twitter sur la question de la part d'utilisateurs humains par rapport aux comptes de spam.

Source : NPR

Alexandre Schmid

Gamer et tech enthusiast, j’ai fait de mes passions mon métier. Diplômé d’un Master en RNG sur Hearthstone. Rigole aux blagues d’Alexa.

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Commentaires (13)

pecore
Twitter a pris l’avantage ? Où ça ? Je ne vois rien qui ne soit déjà connu ou de juridiquement punissable et en plus il y a une contradiction : comment Musk peut il penser que purger les faux comptes « rendra les chiffres terribles » si ses propres équipes sont arrivées aux même résultats que Twitter ? C’est absurde.
norwy
Pour l’instant, aucune révélation qui laisse penser que Musk doive acheter Twitter parce qu’il les aurait trompé ou ne respecterait pas ses accords contractuels.<br /> Ses questions sur les faux comptes sont légitimes et c’est plutôt ça qui intéresse le public et le marché.
David_A
Problème de riche, on s’en fiche…
HAL1
Voir par exemple cet article qui montre bien le fonctionnement d’Elon Musk dans cette affaire :<br /> Business Insider<br /> Elon Musk's own data scientists couldn't find many bots on Twitter, and he...<br /> Twitter and Elon Musk have been arguing over the number of fake accounts on the social media service, a part of their $44 billion deal battle.<br />
pecore
Merci, je vais regarder.<br /> Edit : bon, c’est en gros la même chose que ce que dit l’article de Clubic à ceci près que les chiffres des faux comptes trouvés par les équipes de Musk et ceux fournis par Twitter ne sont PAS identiques, contrairement à ce que dit Twitter.<br /> Il y a déjà une différence de fois deux minimum et Musk pourra argumenter que c’est suffisant pour justifier des inquiétudes, matérialisées par ses échanges avec Agrawal eux aussi aimablement fournis par Twitter, et ainsi justifier l’embauche de sociétés d’audits spécialisées.<br /> Je persiste, je ne vois pas en quoi Twitter sort avantagé par cette transmission de documents. A la limite, se serait plutôt le contraire.
Martin_Penwald
Truth Social est à vendre ! Pourquoi est-ce Musk ne se précipite pas dessus ?<br /> 100% liberté d’expression¹.<br /> ¹: sauf pour critiquer l’entreprise. Ou Trump. Ou parler des audiences du comité sur le 6 janvier …
Martin_Penwald
Euh, non. 2 firmes, mandatées par Musk, s’y sont collé, et les résultats qu’elles ont obtenus donnent entre 5,3 et 11% de bots. Ça reste plus proche dans tous les cas que les plus de 20% que Musk annonçait.<br /> La défense de Twitter est donc de dire que Musk SAVAIT, d’après les firmes qu’il avait lui-même engagées, que la fourchette de bots se situaient entre 5,3 et 11%, sans pouvoir affirmer avec plus d’exactitude quel chiffre est le plus proche de la réalité. Donc le chiffre de 5% donné par Twitter n’a absolument rien de trompeur.
pecore
C’est la première fois que j’entends dire que Twitter avait donné une fourchette comme celle-là. Jusqu’à présent il avait toujours été question de ± 5% et c’est tout.
Martin_Penwald
Non, mais, ’faut lire les commentaires avant de répondre.<br /> EN EFFET, Twitter avait donné quelque chose comme 5%.<br /> Musk, qui prétendait que plus de 20% des comptes étaient des bots, a engagé, d’après l’article cité plus haut, 2 firmes pour faire le compte. Une des 2 firmes a donné un chiffre de 11% et une autre de 5,3%, MAIS CE SONT DES ESTIMATIONS AU MIEUX, donc le chiffre de 5,3% est aussi valide que celui à 11%, chiffres fournis à Musk PAR DES FIRMES QU’IL A LUI-MÊME ENGAGÉES.<br /> Donc, DU POINT DE VUE de Musk, ses propres recherches, faites par ces 2 firmes, lui donnent une estimation du nombre de bots entre 5,3% et 11%.<br /> DE CE FAIT, il ne peut pas prétendre que Twitter baratine avec leur estimation, certes dans une fourchette basse, de 5%.<br /> La raison qu’il a donné pour abandonner le rachat étant justement basée sur l’estimation farfelue de plus de 20% de bots, estimation QU’IL SAVAIT RIDICULE puisqu’on voit ici qu’il a reçu des estimations très différentes de ses élucubrations.<br /> Ces revelations mettent donc effectivement à mal la tentative de Musk de ne pas payer les pénalités encourues si le rachat ne se faisait pas.
Blackalf
Je n’aurais pas cru que ce serait à quelqu’un comme toi qu’il faudrait faire un rappel. <br /> 7. Soignez votre écriture<br /> Utilisez la ponctuation, prohibez le langage SMS et les majuscules, relisez-vous afin de corriger un peu les fautes de frappe et de français : trop de fautes n’engagent ni à lire le message, ni à répondre à une question.<br />
cid1
Bon, pendant qu’ils se déchirent la face, je prends Twitter sous mon bras, et hop là… ^^
kuicke
Parceque vous croyez encore que la finalité était un rachat de tweeter et pas l’exercice d’option d’action Tesla qui arrivait à leur terme.
merlanronchon
Je ne comprends pas cette situation: pour le prix engagé Musk aurait pu créé son propre réseau social et ça aurait sans doute marché ?? Ou est ce l’ancien dirigeant de hedge fund qui c’est réveillé et veut tailler un énorme « short » à une entreprise hors-sol ?
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