La fusée Spectrum s’écrase après 30 s… mais ce premier lancement est « un franc succès »
Lancer, exploser, apprendre, répéter

La fusée Spectrum a décollé hier soir du nord de la Norvège. Elle n’a pas atteint l’espace et a explosé 30 secondes après son décollage. Son fabricant Isar Aerospace et le port spatial d’Andøya parlent d’un « succès ». Le temps est maintenant à l’analyse des données, avant de procéder à de nouveaux essais.
Le 31 mars à 12h00
5 min
Sciences et espace
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Hier, la société allemande Isar Aerospace faisait décoller pour la première fois sa fusée Spectrum, depuis la base norvégienne de l'île d'Andøya. Elle est située à l'intérieur du cercle polaire, au nord des îles Lofoten, une position idéale pour lancer des satellites sur des orbites polaires ou héliosynchrones.
Une orbite polaire (basse altitude) survole chaque jour la surface complète de la terre. Elle peut être héliosynchrone, les satellites observant alors toujours chaque région du globe à la même heure locale solaire. Pour en savoir plus sur ces deux orbites, vous pouvez lire notre dossier sur Ariane 6.
« Peu importe jusqu’où nous irons »
De son côté, Isar Aerospace, acteur du new space européen, a été sélectionné par l’Agence spatiale européenne dans le cadre du programme Boost!.
Le 14 mars, l’entreprise recevait le feu vert de la Norwegian Civil Aviation Authority (NCAA) pour son premier vol d’essai. Le 17 mars, Isar Aerospace expliquait que « l’objectif de ce premier test du lanceur est de collecter autant de données et d’expérience que possible ». L’entreprise ajoutait que sa fusée avait été « conçue, développée et construite presque entièrement en interne ».
Baptisée « Going Full Spectrum », cette première mission d’Isar Aerospace ne disposait d’aucune charge utile de partenaires. L’espoir d’atteindre l’orbite était assez faible : « Notre objectif est de tester chaque composant et système du lanceur […] Peu importe jusqu’où nous irons avec ce vol d’essai », affirmait Alexandre Dalloneau, vice-président de la société, avant le lancement.
Même son de cloche quelques jours avant le lancement de la part de Daniel Metzler (CEO et co-fondateur d’Isar Aerospace) : « Nous ne nous attendons pas à atteindre l'orbite avec ce test. En réalité, aucune entreprise n'a encore réussi à placer son tout premier lanceur orbital en orbite. SpaceX a eu besoin de quatre tentatives, mais nous voulons aller plus vite », expliquait-il à l’AFP.
30 secondes de vol avant une explosion
Une diffusion officielle et en direct du lancement était au programme. Si la fusée a décollé correctement, elle s’est retournée après seulement 30 secondes de vol avant de venir s’écraser dans l’eau avec une belle explosion à la clé. La base d’Andøya parlait poliment d’un « incident » sur les réseaux sociaux, ajoutant que « la gestion de crise a été activée ».
Andøya s’est ensuite fendu d’un communiqué, depuis retiré mais toujours visible sur Webarchive : « le vol d'essai a été interrompu par le port spatial d'Andøya, conformément à nos procédures de sécurité […] Le lanceur s'est écrasé dans la mer. Personne n'a été blessé et les travaux d'évaluation des dommages environnementaux et matériels sont en cours ». Dans le vocabulaire de SpaceX, on parlerait de Rapid Unscheduled Disassembly (RUD).
« Notre premier vol d'essai a répondu à toutes nos attentes »
« Pour le port spatial d'Andøya et Isar Aerospace, ce vol d'essai a été un succès. Toutes les procédures et tous les systèmes ont été validés, et nous sommes impatients de planifier la prochaine tentative de lancement », ajoutait le communiqué désormais passé dans les oubliettes.
Chez Isar Aerospace aussi, on utilise à plusieurs reprises le mot « succès » pour parler de cette mission : « Le véhicule a quitté avec succès la rampe de lancement, a été arrêté à T+30 secondes et est tombé directement dans la mer de manière contrôlée ». La rampe de lancement du port spatial d'Andøya est « intacte ».
Daniel Metzler, CEO et co-fondateur d’Isar Aerospace se félicite aussi : « Notre premier vol d'essai a répondu à toutes nos attentes et a été un franc succès. Nous avons décollé sans encombre, avons effectué 30 secondes de vol et avons même pu valider notre système de terminaison de vol ». Quelques jours avant le lancement, il expliquait à l’AFP que « trente secondes de vol seraient déjà un vrai succès ».
Bülent Altan, président d’Isar Aerospace et ancien dirigeant de SpaceX, y va aussi de son analyse : « Comme je l’ai déjà expérimenté, il faut normalement quelques tentatives pour atteindre l’orbite, mais après le vol d’essai d’aujourd’hui, je suis très confiant qu’Isar Aerospace sera l’un des plus rapides à le faire ».
Isar Aerospace prévoit jusqu’à 40 lanceurs Spectrum par an
Dans un message sur X, accompagné d’un résumé vidéo de sa première mission, décrit la suite des événements : « Lancer, apprendre, répéter ». On y voit le lanceur décoller puis terminer sa courte vie dans une explosion dans la mer de Norvège.
Forte de son « succès », la société se tourne vers l’avenir : « Les lanceurs pour les deuxième et troisième vols du Spectrum d’Isar Aerospace sont déjà en production ». Elle ajoute que dans son usine de Munich (Allemagne), elle « sera en mesure de produire jusqu’à 40 lanceurs Spectrum par an à l’avenir ».

La fusée Spectrum s’écrase après 30 s… mais ce premier lancement est « un franc succès »
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« Peu importe jusqu’où nous irons »
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30 secondes de vol avant une explosion
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« Notre premier vol d'essai a répondu à toutes nos attentes »
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Isar Aerospace prévoit jusqu’à 40 lanceurs Spectrum par an
Commentaires (27)
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Le 31/03/2025 à 12h21
Le 31/03/2025 à 12h30
Il faut dire que ces compétences ont été pillées par les alliés.
Le 31/03/2025 à 12h37
(hachement bien d'ailleurs)
Le 31/03/2025 à 12h47
Tu parles de ce film ? Je ne le connaissais pas Effectivement, le programme Apollo a profité du pillage, mais l'URSS, la France et la Grande Bretagne aussi.
Le 31/03/2025 à 12h49
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=296168.html
Les guerres, froides ou chaudes, ont au moins le mérite de faire progresser la science :)
Le 31/03/2025 à 12h54
Le 31/03/2025 à 13h16
Etoffe des héros
Le 31/03/2025 à 12h39
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Le 31/03/2025 à 14h39
Le 31/03/2025 à 23h38
Les câbles dans la mer, il y en a plein. Cela relie physiquement et c'est une obligation de la techno. C'est-à-dire que tu dois avoir un dispositif au bout du câble. En mer, dans le désert, ou dans un pays dévasté par la guerre ou un "événement climatique" (comme on dit poliment) ; ce n'est pas vraiment facile. Ou tout simplement détruit.
Le but des constellations de satellite (d'ailleurs qui retomberont un jour) sont prévues pour "couvrir" de manière plus versatile et partout (en haute mer par ex). Pour autant, cela n'empêche pas de connecter ce réseau orbital à un réseau terrestre. Hé oui, le streaming qui passe par Starlink vient bien de la terre au départ.
C'est juste que cela permet de se passer de certaines infrastructures dans certains cas.
Après tu as les autres usages.
Le 31/03/2025 à 13h24
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Le 31/03/2025 à 13h47
Le 31/03/2025 à 15h08
Le 31/03/2025 à 20h00
Par contre, le pas de tir avec les montagnes, la mer, la neige, c'est FUCKIN SUBLIME ! 🤩🤩🤩
Le 01/04/2025 à 08h25
Le 01/04/2025 à 10h19
Le 02/04/2025 à 08h11
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